Qu’est-ce que la stigmatisation?
Mise en situation :
Charles est âgé de 26 ans et vit une problématique de dépendance aux opioïdes. Il consommait cette substance de façon récréative pendant quelques mois, mais progressivement, il a remarqué qu’une dépendance s’installait. Charles travaillait jusqu’à tout récemment dans une entreprise de fabrication de meubles. Malheureusement, l’entreprise n’avait pas mis en place un programme d’aide aux dépendances, et Charles, suite à quelques absences du travail en raison de sa consommation de drogues, s’est fait congédier. Il aimerait savoir s’il a des recours pour réintégrer son emploi, mais il ne sait pas à qui s’adresser exactement. De plus, il a honte de sa problématique de dépendance et ne veut pas que cela sorte au grand jour devant son employeur. Il a l’impression que même s’il réintégrait son emploi, on ne le regarderait plus de la même manière. Charles n’a plus de domicile fixe et se débrouille comme il peut. Il a dû passer quelques nuits dans la rue dernièrement. Le jour, il s’implique dans les organismes communautaires du quartier et donne un coup de main bénévolement. C’est là-bas qu’on lui a parlé des centres de thérapie pour traiter son problème de dépendance. Il a essayé, mais le sevrage des opioïdes est tellement douloureux et pénible qu’il n’arrive pas à le compléter. Il n’est pas prêt à arrêter complètement, mais il aimerait mieux contrôler sa consommation. Ce n’est pas une option au centre où il est allé. C’est la sobriété ou être expulsé.
Attardons-nous sur le fait que Charles ressent une pression sociale afin de se conformer aux attentes de la société. Lorsque nous parlons de pression sociale, nous faisons référence au fait que la société impose des normes dominantes en matière d’attitude et de comportement qu’un individu devrait adopter. Nous pouvons identifier la pression sociale que Charles ressent par la honte qu’il témoigne face à sa problématique et le fait qu’il est persuadé qu’on ne le regardera plus de la même manière s’il parle de sa consommation à ses proches ou son employeur. La plus grande pression sociale que Charles vit est de devoir fréquenter une ressource qui lui demande d’être sobre sinon ils mettront fin à son traitement. Sa situation prouve que le modèle de la société crée de l’exclusion puisque les besoins de Charles ne sont pas pris en compte. Tout d’abord, nous observons que celui-ci n’a pas eu accès à un programme d’aide aux dépendances dans son contexte de travail et qu’il a été référé dans une ressource qui ne répond pas à ses attentes au niveau de sa consommation. Pour ces raisons, Charles subit une mise à l’écart pour ses différences qui sont considérées comme contraires aux normes de la société ce qui fait que celui-ci vit de la stigmatisation. Concrètement, la stigmatisation est un processus qui met une étiquette sur un individu ou un groupe de manière défavorable. Celle-ci est intersectionnelle, c’est-à-dire qu’elle désigne une situation ou des personnes subissent simultanément plusieurs formes de discriminations et de catégorisation dans une société. D’ailleurs, elle est dite internalisée puisqu’elle touche à l’identité de la personne et constitue une importante résistance face à l’autodétermination et au rétablissement de celle-ci. En effet, face aux difficultés qu’il vit en lien avec la stigmatisation, Charles peut penser qu’il ne sera pas capable de régler sa problématique et abandonner en cours de route. La stigmatisation que Charles vit est profondément dégradante ce qui le fait passer d’une personne complète et normale à une personne détériorée et diminuée. Charles peut être perçu comme un individu ‘’ détérioré ‘’ puisque la stigmatisation a des impacts négatifs sur sa qualité de vie (perte de son emploi, perte de son logement, perte de confiance, etc.). Dans la situation de Charles, nous pouvons observer différents impacts sur le plan de la santé, de l’accès aux soins, de ses rapports sociaux, etc. Les conséquences de la stigmatisation peuvent prendre différentes formes et être de niveaux d’intensité variables. Ce phénomène touche aussi bien la personne elle-même, le groupe stigmatisé que leurs proches.
Quel est votre niveau d’empathie pour la situation de Charles? Si vous le rencontriez, qu’auriez-vous envie de lui dire?